Le soleil tape très fort sur Dali, exquise bourgade de 600’000 âmes installées au beau milieu des montagnes du Yunnan, province touristique de Chine. Assis à la seule table de la terrasse d’une gargote de 8,5 m2, mon frère et moi cherchons à étancher notre soif sous ce soleil de plomb. Un jeune homme vient à nous. Mon frère, à l’époque résident de Dali, demande une bière dans la langue locale. Ne sachant pas un mot de mandarin, j’opte pour une boisson à consonnance internationale – un Coca-Cola – que je m’applique à prononcer distinctement. Le serveur acquiesce d’un mouvement de tête déterminé et lâche un « OK » tout sec. Il revient directement avec la bière fraîche, très fraîche, mais sans le Coca-Cola.

Au bout d’une bonne dizaine de minutes, j’esquisse un geste au serveur qui semble trafiquer quelque chose derrière son comptoir au fond du bistro. « OK! OK! » me lance-t-il d’un air agacé. J’ai soif. Le serveur arrive et me plante une tasse de lait au chocolat chaud, très chaud. J’écarquille les yeux: mon « Coca-Cola » a visiblement dû être interprété comme un « hot chocolate » par le jeune homme. « Tu vas devoir le boire… Bienvenue en Chine! » s’esclaffe mon frère.

« neeei, nicht eine Schale, ein Shorle! »

De retour en Suisse, je prends place dans un café de la grande ville multiculturelle de Bâle où près de 200’000 habitants peuplent une cité progressiste au rayonnement international. En habitué des lieux, je demande un « Shorle, » c’est-à-dire un mélange de jus de pomme et d’eau gazeuse, boisson très populaire en Suisse alémanique (on adore mélanger des trucs avec de l’eau gazeuse dans les pays germanophones apparemment). Ingénu, je passe commande en dialecte: « ä Shorle, bitte! » Le serveur rapplique rapidement avec une tasse de lait au café chaud, très chaud. Je le regarde d’un air confus et lui dis, « neeei, nicht eine Schale, ein Shorle! » C’est la troisième fois que ça m’arrive dans un bistro alémanique: mon « Shorle » se transforme en « Schale » (sorte de café au lait, avec beaucoup de lait). Embarrassé, il troque ma tasse avec le curieux jus de pomme que je m’efforçais d’obtenir.

Que l’on se rende en Chine ou en Suisse allemande, on peut rencontrer des problèmes de communication. Alors un conseil, où que vous alliez en vacances, demandez toujours la carte avec les images, surtout si vous allez manger chinois en Suisse alémanique!