Encore une fois, le sujet de ce dessin est très très suisse et pire, très politique, didactique et spécifique. Un linguiste assez connu, Georges Lüdi (paix à son âme), est l’instigateur d’un rapport (Gesamtsprachenkonzept, ou Concept général pour l’enseignement des langues en Suisse) publié en 1998. Le lectorat attentif et bercé dans le clan des didacticiens helvétiques le reconnaîtront peut-être sur le dessin ci-dessous; il dépasse naturellement tout le monde d’une ou deux têtes et porte des lunettes (bon faites un effort!). En gros, ce rapport GSK est le moteur d’un enseignement des langues plus précoce à travers le pays. Il encourage aussi la mise en oeuvre de l’étude d’autres langues dans une dimension plus communicative et qui se voudrait plus inclusive avec la diversité linguistique en classe. Quand on m’a présenté le sujet, je me suis dit que c’était un peu ce que les italophones et romanchophones, les deux groupes linguistiques les plus minoritaires de Suisse, ont toujours été contraints de faire. D’où le poing levé revendicateur (et non vindicatif) de « Madame Tessin » (oui, je sais, les italophones ne sont pas tous au Tessin…) assise à côté d’un représentant fictif de la Lia Rumantscha, le « lobby » pro-romanche.
D’autres illustrations allaient un peu dans ce sens, on le voit avec les croquis ci-dessous. Vous y reconnaîtrez un Conseiller fédéral désormais très célèbre pour son rôle durant le Covid. A l’époque, il était intervenu pour gronder les cantons alémaniques qui ne voulaient plus trop enseigner le français avant l’anglais. J’imaginais le caricaturer dans un esprit un peu colonial de francophone étalant sa civilisation. Zurich lui répond « quoi? » en anglais et Thurgovie et Appenzell disent « c’est qui celui-là? » en presque suisse-allemand. Aujourd’hui, ça ne marcherait plus… comme quoi, tous les dessins ne vieillissent pas forcément bien.
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