C’est l’histoire d’un chat. Il n’a jamais fait le buzz sur Youtube, mais c’était un bon chat quand même.

Patamou est né le 3 juillet 1996, dans un petit village de Suisse alémanique. Derrière ses allures de gouttière, il cumulait les titres de noblesse : Baron de Singine, Seigneur des Jardins Suspendus, Empereur des Trois Quartiers, Roi du Cartel de la Croquette. Sous son noir pelage et son noeud de cravatte blanc, Patamou se démarquait des autres félins aux noms tous aussi banales que ridicules : les « Noisettes » et autres « Pirouettes » ou « Chaussettes » s’inclinaient devant la prestance de Patamou-le-Magnifique.

Certes, il imposait le respect auprès de ses congénères, mais il savait être bon avec les humains qu’il côtoyait. Il leur réservait généralement bon accueil en sa demeure. Il vous attendait du haut de son mur de pierres, vous toisant d’un regard orgueilleux lorsque vous attendiez dans le bas de la rue, persuadé qu’il détenait les pleins pouvoirs en ce bas monde décadent. Patamou était un contemplatif, l’âme vagabonde et flegmatique de la maison parentale. Il savait tout de ses locataires, puisque s’il n’était pas en train de leur quémander le pâté, il les consolait de sa douce et velue présence.

En libre-penseur, Patamou a toujours refusé le joug de ses propriétaires bipèdes. A chacune de nos tentatives, il est parvenu à enlever tous ses colliers d’un coup de patte féroce, quitte à limer son carcan en le frottant contre les parois rugueuses du quartier. Car c’est un chat libre, Patamou! Suite à un déménagement jugé trop soudain et bruyant, il voyage de quartier en quartier pendant sept longs mois. Etait-il parti prêché la bonne parole? Cherchait-il à conquérir de nouveaux territoires? À créer une coalition sournoise entre chats de gouttière ? Nous ne saurons jamais véritablement ce qu’il a vécu durant cette période, mais le jour où nous avons pu le ramener chez lui, il a reniflé deux ou trois coussins, puis s’est installé confortablement, plissant les yeux et ronronnant allégrement sur le fauteuil dont il avait déchiqueté l’arrière du moelleux dossier. Home Sweet Home. Libre.

C’est l’histoire d’un chat que j’ai baptisé « Patamou » étant enfant, qui m’a accompagné durant mon adolescence et qui m’a vu prendre le large un peu plus tard. Patamou s’est endormi paisiblement le 15 décembre 2014, après 18 ans de bons et loyaux services dans notre famille. Adieu Patamou! Merci, mon pote!