Photo (ci-dessus) : crèche aquatique de Noël à Locarno… personne ne sait quand ils comptent repêcher les corps…

En se promenant dans les centres commerciaux grassement achalandés ou dans les marchés de Noël, ce sont toujours les mêmes chansons à la guimauve qui vous poursuivent durant vos emplettes, toujours les mêmes voix suaves de vieux crooners des Sixties ressassant des « Christmas Things » ou les vagissements plus électrisés de jeunes loups fluorescents des Huitanteties qui braillent des « Jingle Balls » saccadés. Leur musique berce le consommateur dans une atmosphère languissante, l’encourageant à mettre la main au portemonnaie. À l’intérieur, l’odeur des parfums s’empare de vos narines ; à l’extérieur, les fumets de thés épicés se mêlent aux relents de friture de churros, de gaufres au chocolat, de crêpes Grand Marnier à vous Döner le tourni.

Qu’ils scintillent de paillettes bling-bling à Montreux et à Zürich ou qu’ils brillent d’un éclat plus modeste à Bulle et Morat, les marchés artisanaux poussent comme des champignons à l’approche de Noël. Ce qu’on recherche le plus, c’est l’authenticité vraie et véridique de produits faits à la main par des Hobbits perchés sur le haut d’une montagne verdoyante, tâtonnant les pies d’une chèvre qui mâche des herbes médicinales bio en dilattant ses narines humides pour mieux respirer l’air pur de la nature. Certes, les artisans de notre temps ne collent pas tous à cet idéal fantasmé par les innombrables badauds qui viennent triturer des jouets en bois « Swiss Handmade », renifler les parfums des bougies multicolores aux sept huiles essentielles et tremper leurs lèvres encore recouvertes de baume pour les lèvres dans un gobelet de vin chaud.

Hormis les quelques stands de chinoiseries en plastique qui tournoient énergiquement, aboient toutes seules, font du caca en pâte à modeler, scintillent par intermittence – bleu! vert! rouge! jaune! violet! blanc! bleu! rouge! vert! jaune! violet! – provoquant ainsi une demi-douzaine de crises d’épilepsie par heure, il existe des stands d’apparence authentique qui se tiennent parfois curieusement dans plusieurs marchés de Noël en même temps. Ils vendent généralement des produits du terroir et vous interpellent dans la rue en vous tendant un morceau de fromage ou de viande séchée, vous incitant à tout prix à acheter leur vraie véridique authentique nourriture artisanale faite par un barbu des Alpes en utilisant les mêmes techniques que les jeunes gens qui vous harcèlent dans la rue pour vous faire adhérer à des ONG qui ont appris à s’adapter aux exigences du marché globalisé. D’un naturel passif-agressif à faire pâlir les vendeurs de voitures du Texas, ils n’hésitent pas à bousculer les consommateurs en affichant un large et sympathique sourire pour liquider les stocks d’un jambon dont ils ne connaissent pas vraiment l’histoire, bien qu’ils en garantissent l’authenticité.

 

En sortant de ces marchés de Noël, je suis un peu partagé. On y découvre tantôt des objets merveilleux façonnés avec soin, tantôt des produits du terroir au parcours flouté, tantôt des bibelots bruyants et éblouissants qui seraient à l’origine de 85% des divorces actuels. Nous cherchons tous de l’authentique, de l’orginal, mais nous peinons à distinguer le « vrai » du « faux » dans ce magma commercial, même si nous prétendons le contraire.

Dans tous les cas, ne cherchez pas à tracer l’origine de mon message : Oncle Phil vous souhaite à toutes et tous un sincère et authentique Joyeux Noël 2014! Même si vous ne croyez pas à Jésus (le type qui serait à l’origine de tout ça en fait).